Kendra ma trauma – Vivre avec un chien traumatisé par son passé de maltraitance
Qu’est-ce qu’un trauma ?
Le galgo, lévrier espagnol, ou tout autre chien, que l’on appelle « trauma » est un animal pouvant présenter des troubles du comportement causés par d’importants traumatismes. Trauma = traumatisé ! Que cela se manifeste par de l’agressivité, la fuite ou une attitude de repli la queue entre les pattes remontée jusqu’au ventre, l’attitude recroquevillée et évitant votre regard… la liste est longue. Mais l’animal atteint de troubles post-traumatiques l’est par un passé de maltraitances dans lequel il a subi sévices, enfermement, cruauté et mauvais traitements en tout genre. Ainsi que des privations extrêmes l’obligeant parfois à se battre avec ses congénères jusqu’à ce que mort s’en suive, ayant lui-même des blessures non soignée. Ces animaux sont souvent obligés de vivre dans des conditions de vie inhumaines, dans leurs propres excréments, étant dans l’impossibilité de se mouvoir librement car restreint par une chaîne beaucoup trop courte. Certains toutous ont vécu l’enfer, n’en doutez pas ! Et malgré tout, les galgos sont dans la majorité des cas dénués de toute agressivité envers l’humain.
Et même après avoir été délivré de ses bourreaux, les chasseurs espagnols concernant les galgos, ce genre de chien demeure hanté par ce passé encore récent. Et même des années plus tard, ce passé traumatique reste encore prêt à ressurgir selon les circonstances.
Le trauma est un chien terrifié qui va présenter des caractéristiques particulières, communes à tous les chiens chargés de traumatismes. Ils seront plus ou moins marqués selon les individus et leur nouvel environnement. La réhabilitation demeure possible, mais peut être longue, très longue. Et la présence de congénères équilibrés sera toujours d’une grande aide pour aider ce genre de chien en état stress à progresser.
Si vous désirez adopter un trauma, il faudra vous armer de patience, de douceur et d‘amour… et savoir quelques petites choses qui vous seront expliquées par l’association de sauvetage par laquelle vous passerez pour adopter. Mais laissez-moi commencer à vous informer sur le sujet.
Voici une histoire, la nôtre à Kendra et moi
Il faut savoir que je ne fais pas partie de ces personnes qui passent des années avant d’adopter à nouveau compagnon après la perte du chien chéri. Non ! Au contraire, je fais partie des autres personnes. De celles qui ne supportent pas ce panier vide, même si ce ne sera jamais pareil avec un autre chien, car chaque être est unique, et ne ramènera pas l’animal aimé parti trop tôt.
Lorsque Kiss-Me nous a quittées, elle s’est envolée en emportant avec elle une partie de mon âme. Dans mon cœur s’est creusé un vide en forme de Kiss-Me. À ce titre, nulle autre ne saurait jamais prendre sa place et combler ce vide.
Mais je ne me voyais pas continuer ma vie sans galga… déjà que le goût de la vie s’était enfui avec elle…
Lovely et Kendra arrivèrent quelque temps plus tard, presque en même temps, même si je n’avais pas prémédité une double adoption. Doucement, dans mon cœur, deux nouvelles formes se forgèrent une place, une en forme de Lovely et l’autre en forme de Kendra.
Aucune ne pouvait combler le vide en forme de Kiss-Me, et ne le pourra jamais. Et c’est très bien ainsi.
Voilà comment a débuté l’aventure Kendra
Si je vous raconte notre aventure à ma petite Kendra et moi, bientôt ce sera au tour de Lovely. Avec cette dernière, l’atmosphère sera plus légère. Car contrairement à Lovely arrivée plutôt à l’aise, Kendra débarqua chez nous pétrifiée de peur. Et les jours qui suivirent furent parfois folkloriques où je dus adaptée ma psychologie humaine à la sienne canine. Mais je ne vous cache pas que parfois on ressent une grande impuissance face aux séquelles de la maltraitance animale.
Kendra est arrivée terrifiée. Je me souviens d’elle, debout dans sa cage de transport, aux aguets, prête à bondir lorsqu’elles ont ouvert la porte transversale du camion de l’espoir. J’étais allée récupérer ma miss sur une aire d’autoroute, c’est souevnt ainsi que cela se passe. Les dames se sont enfermées avec elle pour ouvrir sa cage et la faire descendre. Avec Kendra, le risque de fuite était très élevé. Et comme le rendez-vous se faisait je le rappelle sur une aire d’autoroute, vous imaginez le drame si elle s’était enfuie à ce moment-là et à cet endroit-là… Les transporteurs ont de l’expérience, car en effet, Kendra s’enfuit à l’intérieur du camion fermé, fort heureusement ! Puis, une des dames l’a portée dans ses bras jusque dans ma voiture.
Par la suite, Kendra paraissait tellement apeurée dans la voiture qu’elle n’osait bouger, même si je voyais bien qu’elle glissait lentement mais sûrement entre les sièges arrière et ceux de l’avant. Ses yeux terrifiés exorbités n’osaient me regarder, et elle haletait beaucoup, bien que l’on fût en novembre et qu’il était évident qu’elle ne souffrait pas de la chaleur.
Une fois arrivées sur le parking de chez nous, impossible de la faire descendre, elle refusait de bouger. J’ai bien essayé de la mettre au sol pour la faire avancer, mais elle restait couchée au sol, refusant de se redresser et de mettre une patte devant l’autre. Je dus faire comme la dame du camion, et la porter dans mes bras jusqu’au porche où nous habitons. Dans le hall d’entrée rebelote, elle se tassa dans le premier angle de mur qu’elle trouvait, aplatie, dos tourné de mon côté et tête engouffrée dans le coin. Je la fis glisser jusqu’à notre appartement, et une fois à l’intérieur elle se cacha dans l’angle de la porte d’entrée de la même manière.
Je la laissais un moment dans le couloir reprendre tranquillement son souffle, espérant qu’au bout d’un moment elle nous rejoindrait d’elle-même… mais ça n’arriva pas. Je dus encore la faire glisser jusqu’à nous pour qu’elle fasse la connaissance de mes trois autres, et les rejoigne au coin dortoir des toutous situé au salon. Elle trouva encore un angle et s’y cacha en me tournant le dos, ses yeux exorbités m’observant discrètement en coin.
Ce fut laborieux mais pas si long… La nuit, elle me réveillait en sursaut car elle haletait tellement fort que j’avais l’impression qu’elle allait imploser. Je rappelle que c’était fin novembre, pas de quoi souffrir de la chaleur. À l’époque, je ne savais pas que la peur, tout comme la douleur et la chaleur, pouvait faire haleter nos petits compagnons à quatre pattes. Dans le cas présent, elle haletait d’angoisse, car l’humain que je suis dormait à quelques mètres d’elle. Au début, cela a accentué son stress, mais au final, elle s’est habituée à moi beaucoup plus vite que prévu, et au bout de quelques jours seulement, elle ne me craignait plus. Elle me regardait même nettoyer ses « cadeaux » avec des yeux de coquine tout en croisant les pattes avant tranquillement. 😗
Il a fallu attendre deux semaines avant qu’elle accepte de sortir faire ses besoins en extérieur avec tout le groupe, et affronter ses peurs constituées essentiellement du passage des humains à proximité. Notez qu’elle les repérait à 100m à la ronde et paniquait déjà ! Personnellement, je m’étais préparée psychologiquement à ce que cela dure… longtemps ! C’est pour ça que je disais plus haut que « ce fut laborieux mais pas si long ».
Kendra fit de rapides progrès avec moi, car elle me fit confiance plus tôt que je ne l’aurais cru. Concernant la propreté, dès qu’elle accepta de sortir, plus de cadeaux malodorants en intérieur ! 😁 Pour le reste, elle n’a jamais réellement fait de grosses bêtises, si ce n’est ce petit penchant pour la cleptomanie commun à tous les chiens je pense, qu’ils aient un passé de maltraitance ou non, qu’ils aient manqué de nourriture ou pas. Ce sont des coquins qui chiperont tout ce qui se présente sous leur truffe avec assez d’appétence pour être digne de leur intérêt ! 😉 Ah oui, elle aime bien transformer mes kleenex en confettis également 😉 Quelque temps plus tard, je pouvais la promener sans laisse et là, je pus me régaler de ce spectacle merveilleux qu’est celui d’assister à la course avec le vent du galgo, ou plutôt de la galga en ce qui nous concerne. 😉
Je ne l’avais jamais vue si radieuse que lorsqu’elle courait. Tellement heureuse. Aujourd’hui encore, lorsqu’elle ne court pas par crainte parce qu’elle a vu un humain, mais qu’elle court par sa volonté, pour son plaisir, alors la fleur qui était brisée renaît et s’épanouit telle une merveilleuse créature resplendissante. Et c’est bien entendu ce qu’elle est à mes yeux. 🥰
Après plus de 3 ans ½ à nos côtés, elle est sereine avec nous, chez nous. Mais dès qu’il faut sortir, c’est une comédie dramatique qui se déroule sous nos yeux à la maison. Elle se tortille dans son panier et je vois bien que c’est pour retarder le moment du départ, car elle ne le fait pas en d’autres circonstances. Ce moment la stresse et c’est sa façon de manifester ses angoisses. Malheureusement cet aspect ne passe pas, j’ai même l’impression qu’à des moment son inquiétude est croissante à ces instants. Ne vous attendez donc pas à avoir un chien qui au fil du temps devienne comme un petit cabot à qui il n’est jamais rien arrivé d’effroyable dans la vie. Chaque cas est unique, mais pour les traumas… Un traumatisé le restera à vie même s’il peut y avoir d’énormes progrès, et certains pourront même arriver à une vie normale.
3 fillettes, 3 niveaux de craintes, 3 cas différents
De mon expérience, avec Kiss-Me qui était craintive/timide et qui s’est très vite adaptée à notre mode de vie, elle ne fut jamais complètement équilibrée à 100% mais, qu’elle me faisait rigoler parfois. 😂 Elle n’avait pas peur de s’approcher des gens, surtout lorsque d’autres chiens les accompagnaient, mais elle ne se laissait toucher par personne. Et il suffisait qu’on la regarde ou l’interpelle, et elle se retirait avec ce petit regard outré qui m’amusait. 😁
Pour Savannah, ma dernière galga adoptée, arrivée sur ses gardes, c’était encore différent. Elle repéra immédiatement la porte de la baie vitrée menant sur l’extérieur et elle essaya de prendre la poudre d’escampette dès les premières minutes ! 😅 À présent elle ne cherche plus à s’évader du salon, mais en extérieur lorsqu’elle est en liberté, même combat que pour Kiss-Me, personne ne peut la toucher. Beaucoup de similitudes avec Kiss-Me, mais pourtant je vois des différences, des nuances et puis… pas tout à fait le même petit grain de folie. 😁
Kendra, elle, nous a rejoint avec un niveau de craintes et de traumatisme tellement supérieurs à ses sœurs d’adoption… J’avoue que les première 48h je me suis sentie désemparée. Mais pour nous c’est comme pour eux, il faut le temps d’adaptation. Vous savez les 333, 3 jours, 3 semaines, 3 mois.
À ce jour, je n’ai aucun regret concernant ces adoptions
Je dirais même qu’avec un trauma ou une craintive, le lien est plus fort. Sûrement parce que de notre côté, on est plus attentif à tout, concernant nos petits protégés en panique. On est aux petits soins. Et lorsqu’ils viennent vers vous pour un câlin, c’est encore plus fort de sentir cette confiance partagée. Mais cela peut aussi être stressant au niveau des balades lorsque vous croisez du monde. Car vous stressez aussi avec votre chien. J’avoue que l’idéal pour ce genre d’adoption, c’est d’habiter dans une maison à la campagne dans un coin tranquille, sans voisins trop proches, sans enfants et l’agitation qui va avec. Pouvoir leur offrir un environnement calme et stable est primordial. Et leur laisser le temps !
J’espère que ce petit témoignage vous aura convaincu que l’adoption d’un chien anxieux parce qu’il a été victime de graves sévices peut être une belle aventure. Sans avoir voulu l’idéaliser, ni vous effrayer, simplement le vécu de notre histoire. L’adoption d’un trauma peut aussi être un beau sauvetage et une belle aventure, même si ces chiens-là reviennent de plus loin. Sachez que cela ne sera pas rose tous les jours les premiers mois. Mais quel bonheur de les voir s’épanouir au fur et à mesure que la guérison s’opère avec le temps.
J’ai pu adopter Kendra par l’intermédiaire d’une association de sauvetage de lévriers martyrs d’espagne. Si cette information vous intéresse pour un futur projet d’adoption, j’ai consacré un article à cette association se nommant « Galgos Sans Famille« . Vous pouvez également visiter leur site en cliquant ici. Sinon sachez qu’il existe beaucoup d’autres associations de protection animale. Je vous en ai répertorié une belle liste à la fin de mon article sur comment adopter un lévrier espagnol/galgo.
Prochainement je vous parlerai un peu plus des adoptions de Lovely et Savannah.
Merci de votre passage et à bientôt. 😄